Chapitre 7 : Traversée du Kirghizistan (ou Kirghizstan on ne sait pas trop)
Chères familles, Chers amis,
Nous nous étions quittés la dernière fois sur nos premières aventures en ex-URSS, marquées par notre passage express en Russie et la longue, tantôt monotone tantôt exaltante, traversée des steppes kazakhes. Après une courte pause chez les sœurs de Mère Theresa à Almaty, nous voilà repartis sur nos fidèles 125 pour affronter le dénivelé kirghiz. Je dis nos 125, mais c’est plutôt nos 125 et notre KAWASAKI 300, que Maxence a pu louer à Almaty avant de traverser la frontière.
Nous vous écrivons ces quelques mots depuis la paroisse de Jarkent à l’est du Kazakhstan, notre camp de base à trente kilomètres de la frontière chinoise pour préparer notre expédition dans l’Empire du Milieu. Après un mois et demi à développer notre vocabulaire russe, qui n’est constitué d’une dizaine de mots ou expressions tout au plus tant cette langue est exigeante, nous devons nous résigner à l’abandonner.
Comme d’habitude, vous retrouverez les principales rencontres qui nous ont marquées, nos meilleurs moments comme nos petites galères.
Bonne lecture à tous !
Ce qui nous a le plus marqué !
Colonel Moustache
Vous commencez à nous connaître. Si nous quittons une paroisse où nous sommes bien accueillis, nous nous débrouillons pour en trouver une meilleure la nuit suivante ! Nous quittons donc Almaty pour nous rendre à Bichkek et sommes accueillis par quatre prêtres, qui, tenez-vous bien, constituent 50% des clercs du pays… Et encore, l’un d’eux n’a pas vu son visa de missionnaire être renouvelé par le gouvernement kirghize et ne peut en conséquence célébrer la messe. La maison paroissiale est un peu la maison de tout le monde. Nous y passons deux jours et y dormons dans deux salons mais nous n’avons pas une minute pour nous. Les jeunes et les moins jeunes se réunissent souvent, pour jouer ou discuter, pour faire vivre l’esprit de communauté. Nous y rencontrons même quelques Français, dont l’un que nous finirons par surnommer « Colonel Moustache ». Moustache des années soixante, quatre-vingt ans passés, costume trois-pièces, pantalon blanc et petite canne au pommeau doré… il faut dire qu’il sait se faire remarquer ! La discussion démarre sans trop de peine et nous comprenons qu’il passe sa retraite au Kirghizistan après avoir eu une carrière bien remplie. Architecte de la politique de Sécurité Sociale dans une dizaine de pays, dont la Russie ou le Maroc, « Colonel Moustache » a la particularité d’avoir vu et d’avoir fait beaucoup de choses. Il le sait et n’est pas trop avare sur les compliments qu’il porte sur sa famille et sa personne. Bref, un personnage avec qui nous rions beaucoup tout de même. Nous profitons de ce séjour dans la capitale pour régler quelques problèmes mécaniques dans un garage, visiter le Osh Bazar et rencontrer Guillaume, avec qui nous passerons près de dix jours.
Guillaume Baron
Après dix jours passés en sa compagnie, Guillaume méritait bien quelques lignes dans ce nouveau chapitre de notre journal ! Compagnon de cordée de PE, cousin d’un ami, parrain d’un filleul pour Enfant du Mékong, autostoppeur depuis près d’un an à arpenter les routes d’Europe et d’Asie… il y a beaucoup de noms pour qualifier ce personnage. Guillaume voyage à pied, en stop, en bus ou en train entre la France et l’Asie. Sur son voyage retour, nous nous retrouvons donc au Osh Bazar de Bichkek, afin de passer les sept prochains jours ensemble ! Nous le retrouverons quelques jours plus tard au Kazakhstan pour d’autres aventures. Nous y rencontrons également deux autres français, Antoine et Gauthier, avec qui nous passons la soirée et partageons une bonne bière. Avec Guillaume en passager, nous repartons de Bichkek pour une semaine de randonnée, à pied … mais aussi et surtout à cheval.
Hélène et ses chevaux
Comment vivre l’aventure kirghize sans se confronter au principal moyen de locomotion du pays et de sa première ressource en consommation de viande ? Aussi utiles en voyage que délicieux pour notre palais, nous avons voulu nous confronter à ces braves bêtes ! Nous avons donc rejoint Hélène, une Française établie dans la région et qui vit de sa passion pour le cheval. L’esprit un peu bohème, marquée par une vie entière à voyager dès le plus jeune âge, la quinzaine de chevaux qu’elle possède constitue tout ce qu’elle a de plus important au monde. Nous passerons trois jours en sa compagnie, en profitant de ses conseils et de son expérience, tantôt rigolant avec elle, tantôt subissant ses foudres lorsque nous excitons un peu trop ses chevaux. Notre niveau en équitation égalant notre niveau à moto avant notre départ, aucun de nous n’est jamais monté. Il nous faut une petite après-midi pour nous former, en apprendre davantage sur l’animal mais surtout pour déceler leur potentiel au galop que nous recherchons tous. Tout le monde n’est pas chanceux, et il suffit d’une heure pour comprendre que tous les chevaux ne se valent pas… La randonnée sera plus pénible pour certains que pour d’autres. Le lendemain, nous nous lançons dans l’ascension de la ferme de lait de jument, à près de 2000 mètres d’altitude, où nous passerons la nuit. Le premier jour, nous subissons de plein fouet l’orage et la grêle en montagne. Les chevaux, je cite, si « calmes avec les autres clients » nous en font voir de toutes les couleurs. Celui de PE décide tantôt d’accélérer tantôt de repartir dans l’autre sens, celui de Paul ne peut pas s’empêcher de mordre l’arrière-train de ses camarades, celui de Maxence n’avance tout simplement pas et le mien avance par à-coups, plus préoccupé à manger qu’à avancer. En arrivant, trempés et éreintés, nous sommes l’attraction. La ferme est un refuge mais également un centre d’accueil pour retraités en cure. Nous faisons un peu tache. Le lendemain, ce sont des paysages magnifiques qui s’offrent à nous, en redescendant dans la vallée. Après plus de 48h à tanner Hélène pour faire du galop, nous y sommes enfin autorisés ! Nous nous élançons tous les uns après les autres. A l’arrivée, heureux de l’expérience, nous remarquons que nous sommes incomplets … Hèlène est bien là, Paul aussi, PE, Guillaume, moi et … pas de Maxence à l’horizon ! Son cheval n’aura rien voulu entendre et est resté raide comme un poteau. La mine désabusée de Maxence en dit long sur l’expérience vécue ! Pas mécontents de retroquer nos chevaux contre nos 125, nous repartons direction le lac Son-Kul !
Islam et ses assistants
Islam, c’est un peu notre bienfaiteur. Après plus de 13 000 kilomètres parcourus, on sent que nos motos n’ont plus leur même fraicheur d’antan. PE n’a plus de starter (démarreur) depuis quelques jours et sa batterie manque de lâcher, Paul doit changer son pneu arrière dont les témoins ont décidé de ne plus se montrer et j’ai quant à moi un accélérateur qui fatigue. Alors que nous comptions tout faire à Almaty, aucun garage n’était disposé à effectuer les réparations nécessaires. Nous avons pris notre mal en patience pour tout régler à Bichkek. Le Kirghizistan a avec le Kazakhstan, ce vilain défaut de ne pas être un pays de moto. En conséquence, nous y trouvons toujours très peu de garages et c’est en demandant l’aide d’un paroissien passionné que nous arrivons à trouver l’adresse d’Islam et de ses compères. Le garage, non recensé sur GoogleMap, se trouve dans une sorte de no man’s land, à l’abris des regards, sous le toit en ruine d’une maison à l’abandon. A l’intérieur, il y a des airs de cavernes d’Alibaba des motards, tant l’endroit regorge de motos, d’outils, de pièces de rechanges et, évidemment, de passionnés. Nous faisons la rencontre d’Islam et de ses deux acolytes, qui ont l’air tout comme nous de tenir Islam très haut dans leur estime. Après trois heures d’attente, nous voilà repartis avec un pneu neuf, une batterie renouvelée et deux chaînes changées ! Nous remercions grandement Islam sans savoir que nos chemins devraient se recroiser. Effectivement, une semaine plus tard, rebelotte ! Après quelques journées passées en altitude, nos deux moteurs, avec Paul, ne répondent plus, s’éteignent au démarrage ou après cent mètres parcourus. Bref, tout manque de puissance et nous sommes quelques peu inquiets avant la longue traversée qui nous attend en Chine. Nous voilà donc à retoquer à sa porte et en examinant nos motos pendant quelques minutes il nous sort un « all good » dont nous ne nous attendions pas. Si nous avions laissé une première bonne impression la dernière fois, avec l’image d’étrangers parcourant le monde à moto, je crois pouvoir dire que là, nous passons pour de vrais amateurs… Un moteur, ça a besoin de chauffer, encore plus quand on est à 3500 mètres d’altitude. Alors tenter d’aller à 70 kilomètres/heure sans avoir fait chauffer le moteur au préalable, il faut vraiment être novice pour l’ignorer ! Ma moto à peine réparée, je vais la tester à fond sur l’herbe mouillée et glisse, très bêtement. Me voilà donc à terre, devant Islam, avec une moto plus cabossée qu’avant ma venue. Résultat des courses : phares et garde boue cassés, roue désaxée…
Le petit Roger
Nous voilà rendus sur les pistes du Lac Son Kul, qui culmine à près de 3000 mètres d’altitude et où nous passons la soirée à diner dans une yourte. Attablés dans le noir et dans la promiscuité de ces petits habitats, nous profitons de la chaleur du poêle à bois et de l’odeur de thé qui s’échappe du Samovar. Nous sommes en compagnie de Roger, un Barcelonnais, plus Catalan qu’Espagnol, qui voyage en Asie du Sud-Est de façon… disons rustique. Plutôt trentenaire en recherche de sens dans sa vie, il nous parle de sa passion pour la mer, les océans et la Nature dont il a voulu vivre. Bon, il est saisonnier sur un paquebot dans lequel il voit peu la lumière du jour, mais au moins il est sur l’océan. Avec un itinéraire un peu approximatif et une durée de voyage non-définie, nous trouvons enfin un voyageur moins organisé que nous ! Le lendemain, nous le retrouvons sur la route et décidons de le prendre en stop pour l’avancer un peu. Il fait froid et la pluie, puis la grêle, s’invitent. Alors que nous mettons nos gants d’hiver et nos vêtements de pluie, nous voyons Roger qui enfile un sac poubelle en guise de k-way et des chaussettes trouées pour protéger ses mains. Il lui reste près de soixante kilomètres à parcourir en pleine montagne, sans équipements, dans le froid et la pluie. L’image est assez cocasse et nous rions tous ensemble, avant de nous séparer : lui avec ses chaussettes et son sac poubelle sur le dos, nous sur nos motos avec nos gants chauds.
« Ya ne ponimayu »
« Allo ? J’ai un bon plan pour vous les gars ». Vous vous souvenez de Guillaume ? Eh bah il me restait trois jours passés avec lui, à raconter : c’est parti ! Nous voilà donc une nouvelle fois embarqués dans un « bon plan » pour trois jours. Nous quittons en hâte le Kirghizstan pour retourner au Kazakhstan et retrouver Guillaume et sa famille d’adoption pour deux semaines. Nous sommes accueillis par Olga et Slavic, et leurs deux enfants Yeva et Felix. Ils sont propriétaires d’un petit terrain à une heure d’Almaty, où ils accueillent et hébergent touristes et étrangers. Et nous, nous sommes accueillis pour concrétiser un projet. Le projet ? Passer 3 jours dans la propriété d’une famille kazakh, nourris logés, à construire une cabane de chasseurs, le tout de nos propres mains et avec une totale liberté d’action. Il ne nous en fallait pas plus pour nous convaincre, d’autant que nous avons l’impression d’être gagnants sur tous les plans. Elagages, prise des mesures, découpes des planches, trous creusés, vis et clous plantés… on ne s’est pas arrêtés de 9h du matin à 19h le soir. La devise de ces trois jours ? « Pas de demi-travail, pas de demi-repos ». Pas de demi-travail car ça a beau être un bon plan, il faut quand même que la cabane soit debout avant notre départ. Pas de demi-repos, car une fois la nuit tombée, Slavic n’est pas le dernier à vouloir faire la fête. Il parle peu mais quand il parle, toutes ses remarques sont tournées autour de la vodka. S’il nous est arrivé de nous réveiller un peu tard un matin ou de prolonger une sieste l’après-midi, pas de panique, pour Slavic, c’est toujours largement justifié au vu de la soirée passée la veille. Nous avons également goûter aux joies du bain chaud japonais. C’est une cuve, à l’extérieur, sous laquelle du bois est chauffé pendant près de trois heures pour que l’eau atteigne la température de 42 degrés. Nous y resterons bien deux heures à parler et refaire le monde.
Prêtre orthodoxe ou catholique ? Les deux mon général.
Pour préparer notre expédition en territoire chinois, nous avons décider d’établir un petit camp de base dans la paroisse de Jarkent. Nous sommes accueillis par le Père Beniamien, l’un des très peu nombreux prêtres kazakhs. Avec tous les paroissiens, c’est-à-dire huit personnes au total, nous partageons un diner que le Père ne souhaite visiblement pas trop éterniser. Pour nous héberger, il nous laisse les quelques lits de la maison paroissiale, y compris sa chambre, et installe une couverture dans la chapelle pour y dormir à même le sol. Comment le décrire ? Son comportement est tout aussi lunaire qu’il est généreux et drôle. Il célèbre la messe en latin, en habits traditionnels mais porte au pied des claquette Nike « Just do it ». Pour rigoler, il alterne les coups de pression et les blagues que nous n’aurions jamais pu penser sortir de la bouche d’un prêtre. Issu d’une famille musulmane très pratiquante, il est devenu prêtre orthodoxe pendant plus de douze ans. Après le covid, il s’est converti au catholicisme et est maintenant prêtre catholique. Sacré parcours pour un sacré personnage ! Après le dîner, nous comprenons très vite pourquoi il a voulu abréger celui-ci : le voilà revenu du magasin avec plus d’une quinzaine de bières pour passer la soirée ! Nous nous coucherons à deux heures du matin cette nuit-là. Il vit seul et une grande partie de son temps est dédié aux travaux de la maison. Il refuse notre aide, et pour être honnête, nous en sommes très heureux car il fait près de trente cinq degrés. Le dernier jour, avant notre départ, nous sommes dans la chambre quand il débarque l’air paniqué. Il nous montre un téléphone, prononce un « Davaï » cinglant comme il en a l’habitude et nous dit « Vous devez récupérer vos passeports, un représentant du service des migrations est là ». Nous nous empressons de prendre nos documents et nous ouvrons la porte à un militaire, dont la bouille amusante prend le pas sur son air sérieux. « Bonjour, nous sommes le service des frontières ». Comment nous ont-ils trouvés ? Aucune idée. En tout cas ils sont efficaces, il n’y a pas à dire. Ils sont pour contrôler nos passeports et puis c’est tout. Nous apprendrons par le Père, que le militaire est en fait un « employé du Département des affaires religieuse » du pays. A l’heure où je vous écris, une nouvelle soirée comme la première s’annonce, je file vite pour ne pas louper ma bière ! A bientôt !
Nos anecdotes croustillantes
Ça nous a régalé...
Nous quittons Almaty et donc le Kazakhstan, non sans émotions, mais avec la satisfaction de plus être enfin confrontés à la monotonie des routes kazakhs, propices à l’assoupissement au volant fréquent. Fini les longues steppes de sable ou de verdure, à nous les virages en haute-montagne ! La Kirghizie nous offre un spectacle de nature époustouflant. Ses plus hautes montagnes culminent à près de 7500 mètres d’altitude, son plus grand lac fait la taille de Corse, sa plus grande réserve d’eau potable est perchée sur un plateau à près de 3000 mètres d’altitude … La diversité des paysages est proportionnellement inverse à celle du Kazakhstan. Après trois semaines dans les steppes, sous le niveau de la mer, nous voilà en moyenne à près de 2000 mètres d’altitude, à profiter du grand air et se rappeler nos Alpes.
De retour au Kazakhstan et avant de rejoindre Guillaume et sa famille, nous entreprenons un petit détour au Canyon de Charyn, tout à l’Est d’Almaty. C’est grâce au conseil du Père José Maria que nous nous y rendons, alors si vous lisez ces lignes mon Père, un grand merci à vous ! Le canyon s’étend sur plus de 80 kilomètres, et à entendre les locaux un peu chauvins, c’est le deuxième plus grand canyon au monde après le Grand Canyon. Bon, cela a beau être grand et assez impressionnant, nous n’avons pas pu vérifier cette information… Nous y passons donc deux jours et décidons de planter la tente au fond du Canyon.
Alors que nous redescendions de notre montagne après une randonnée harassante pour nos corps en manque de sport depuis trois mois, nous tombons sur quatre Kirghizes. Ces quatre compères, plus bons-vivants les uns que les autres, quelque peu sous influence de stupéfiants, s’affairent à cuire une viande au feu de bois. Le processus est original : une pierre chauffée est posée sur un brasier gigantesque et des bouts d’agneau cuisent à-même la pierre. Nos dizaines d’années de scoutisme ne nous auraient jamais permis d’arriver à nos fins avec un tel processus ! Intrigués mais ne souhaitant pas déranger, nous reprenons notre chemin avant d’être interpellés par l’un d’eux. Ni une ni deux, nous voilà assis à leurs côtés pour partager une côtelette d’agneau pour le goûter. Nous parlons peu avec la barrière de la langue mais nous nous comprenons avec des signes, suffisant pour bien nous amuser !
En sortant d’un petit déjeuner copieux, nous apercevons que le pneu arrière de Paul est crevé. Changé il y a peine une semaine, il faut avouer que nous étions un peu énervés … Un clou de trois centimètres s’est introduit dans le pneu. Peu sereins sur nos capacités, nous nous mettons au travail pour retirer le clou, coincer une visse pour boucher le trou et regonfler à l’aide d’une cartouche d’air comprimé. Le Turc que nous avions croisé à notre première crevaison aurait été fier de nous ! Manque de chance, la cartouche ne suffit pas et le pneu reste dégonflé. Paul se lance à la recherche d’un local pouvant nous venir en aide et est redirigé vers un camionneur kazakh. En deux temps trois mouvements, celui-ci nous sort un câble de dix mètres de long, le branche au compresseur de son camion et remet à Paul 2,5 Barres. Le compte y est, nous pouvons repartir sereinement !
Quand on voyage, la règle d’or est de faire attention à ses papiers, passeports et papiers du véhicules. Sinon, bonjour la sortie du territoire à la prochaine frontière. Eh bien figurez-vous que sans plaque d’immatriculation, c’est aussi difficile ! C’est ce qui a failli arriver à Antoine, sur les bords du Lac Lessik Kul. Alors que la China Road Company s’affaire, à la construction d’une route longeant le lac Lessik, nous arpentons les kilomètres de terre et de cailloux qui constituent la route principale de cette région. Nos motos souffrent et vibrent beaucoup au contact de ce qui ressemble davantage à des montagnes russes qu’ à une piste. Après un plein d’essence, nous reprenons la route. Après plus d’une heure, Antoine en dernière position, passe devant Maxence qui remarque une différence notoire à l’arrière de sa moto. Mais où est donc passé le petit carré blanc ? Plus de plaque à l’horizon, panique à bord ! Elle a pu tomber il y a cinq minutes comme il y a une heure, et n’importe qui a pu la ramasser et la jeter. Bon pour cette dernière option, pas trop d’inquiétude car il n’y a rien de plus normal pour un Kirghize de voir des déchets sur la route. Nous nous élançons donc à pleine vitesse sur la route ou nous avions passé une heure à faire très attention aux pneus ou aux gentes. Cela n’est plus notre premier problème à présent. Au bout de 15 min, Antoine retrouve sa place avec beaucoup de chance. La face avant est plaquée sur le sol et la face arrière, pleine de poussière, à la même couleur que la terre. Tout est bien qui finit bien ! Sans plaque, aucune possibilité de traverser la frontière. Le temps de la refaire zen France et de se la faire livrer, Antoine pouvait dire Adieu à la Chine ! Un petit bout de scotch le soir et la plaque tiendra jusqu’au prochain garage !
... ça nous a fait pleurer (cliquez dessus pour plus d'infos !)
Frontière Kirghize/Kazakh, mardi 3 juin 2025. Tout est idyllique. Le poste frontière est juché sur un grand plateau, entouré de montagnes et a la particularité d’accueillir très peu de personnes. Nous passons donc tous les contrôles à une vitesse jamais égalée encore et rentrons au Kazakhstan, heureux de tenir les délais et même d’avoir un peu d’avance. Mais qui dit petit poste frontière, dit peu de monde pour vous accueillir avec des cartes SIM et des assurances. Dit même, pas du tout de monde. Il nous faut donc aller à la première ville qui semble avoir fait sienne cette devise : « doucement le matin, pas trop vite l’après-midi ». Il faut croire que tout le monde vit avec intensité dans la lenteur. Du restaurateur au banquier, en passant par l’informaticien ou les assurances, nous avons appris plus que jamais à prendre notre mal en patience. Le restaurateur, je passe, mais cela nous aura bien pris trois heures. Pour le banquier, il nous faut convertir nos Soms, d’une valeur de cent euros tout de même, en Tengs. A la banque, ils ne prennent que des euros ou des dollars et nous redirigent vers « Zamira » au Bazar. Qu’est que c’est ? On ne sait pas. Nous voilà rendu dans le bazar à demander « Zamira » à un peu tout le monde. Après un véritable jeu de piste, nous voilà arrivés chez « Zamira », un magasin de produits chinois, c’est-à-dire de tout et de rien comme tous les magasins du bazar. Nous tentons d’échanger nos Soms en Tengs mais la gérante est dure en affaires, nous imposant un taux de change nous coutant près de 15 euros. « Niet » « Niet » dit-elle a toutes nos tentatives de modifications du taux de change. Nous repartons bredouille, avec une heure de perdue, mais avons eu le plaisir de connaitre Zamira ! L’informaticien ? Il tente de nous installer trois cartes SIM. Une heure plus tard, après avoir répondu à une dizaine de clients entre temps, il nous dit que ces SIM ne sont pas adaptées à nos téléphones. Nous perdons une heure de plus et repartons avec quelques doutes sur ses qualifications. L’assurance ? C’est le meilleur ! Nous demandons des renseignements pour le trouver : le bazar nous redirige vers la station essence, la station essence vers un garage, le garage vers un autre garage et … bingo ! Nous avons besoin de trois assurances motos pour une dizaine de jours. Nous sommes passés de Charybde en Sylla pour nous faire comprendre. En moyenne, quarante minutes par assurance. C’est long, très long. Nous repartons enfin avec les bons papiers, direction le Canyon de Charyn, avec près de quatre heures de retard.
Vous en avez déjà eu un bon aperçu avec Islam mais c’est un peu le point noir de notre séjour au Kirghizistan. Les quelques 13000 kilomètres déjà parcourus commencent à user nos motos et elles nous le font bien sentir. Nous perdons donc quelques jours, bloqués à Bichkek ; des jours perdus à ne pas visiter davantage ce magnifique pays.
Nous n’irions pas encore à dire que la nourriture française nous manque, c’est encore un peu trop pour l’avouer. Mais depuis que nous avons traversé la frontière Kazakh, il faut dire que la diversité n’est pas le maître-mot de la cuisine centre-asiatique. Plof, Lagman, Chachlik, tout est bon mais tout est très peu diversifié. Sans être avare avec l’huile ou la matière grasse.
La Kirghizie est un magnifique terrain de jeu pour ceux qui aiment les grands espaces, le dénivelé et le dépassement. C’est habituellement ce qui nous caractérise mais le pays et ses montagnes nous auront confronté à la dure réalité de notre condition physique déplorable. Une seule randonnée et nous comprenons vite que l’ambition de faire un pic à 4500 mètres d’altitude est irréalisable. Avant notre départ, nous nous disions que la moto c’est du sport ou que le grand air ça creuse ! Après trois mois d’aventure il faut dire que le constat est sévère. Mais bon, « on reprendra le sport en septembre ».
S’il l’on devait retenir qu’une chose pratique avec nos motos, c’est que nous pouvons les garer partout. Eh oui, pas besoin de trop se casser la tête à la recherche d’une place de parking ou pour se faufiler sur les trottoirs et laisser en toute liberté nos motos là où bon nous semble. Alors que Maxence, Paul et PE partent faire des courses pour le repas du midi, je me retrouve confronter à une bonne femme, dont la colère n’a d’égal que son manque de patience. Elle semble harceler chaque automobiliste garé à coté de nous et qui s’empressent de lui donner un billet de 20 soms. S’approchant de moi, attirée par le gain que représente 80 soms, je peine à l’éviter du regard tant elle sait s’imposer, en gesticulant dans tous les sens et en élevant la voix. Nous essayons tant bien que mal de négocier pour préparer notre fuite mais son index nous montre la voiture de police au loin. La partie étant déjà jouée d’avance, nous capitulons sans savoir si notre emplacement était payant ou pas. Deux jours plus tard nous devons repasser par la même ville pour déjeuner. Anticipant la venue de cette dame, nous nous plaçons à un autre endroit, en s’assurant que rien n’est payant. Mais au moment de partir, cette bonne femme nous voit de loin, et les yeux pleins de malice en nous reconnaissant, s’approche de nous pour nous réclamer 80 soms. Nous décidons de l’ignorer et d’enfiler nos gants et casques rapidement. Mais sa patience arrivant à sa fin, elle ajoute à sa voix rauque et assez peu féminine, des coups de main et de bras à mon égard. Nous voilà donc chasser manu militari, à coup de main et de pieds. Nous avons une pensée toute particulière au prochain automobiliste sur qui redescendra sa colère.
Pour mener à bien ce projet nous devons trouver des sources de financement, nous avons donc lancé une cagnotte.
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Objectif 40 parrains !