Chapitre 5 : Turquie, accueil garanti !

Salam alaikum mes frères,

 

Je me permets cette petite familiarité avec vous pour vous immerger au cœur de notre aventure turque, car effectivement, ici, tout le monde est frère, vous le découvrirez bien assez vite !

La Turquie, c’est une grande nation ! Et ça, vous le comprenez dès le post-frontière, massif, dans une architecture ottomane moderne avec des écrans géants qui affichent le drapeau rouge frappé du croissant et de l’étoile avec une simulation de flottement au cas où il n’y aurait pas assez de vent. Hé oui, en entrant ici, nous disons adieu à notre mea culpa français, sortant vaguement son drapeau pour les soirs de match. Où que nous soyons, nous pouvons apercevoir un gigantesque drapeau, à croire qu’ils ont retiré les pales d’une éolienne pour le fixer à son sommet. D’ailleurs, en parlant d’éolienne, je préfère prévenir que la lecture de ce chapitre de notre journal de bord peut quelque peu heurter certains, vous le découvrirez, la Turquie n’est pas le pays des droits de la femme et de l’écologie.

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km au compteur

Ça commence à faire pour nos petites pétrolettes ! 

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jours sur une selle rigide
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thés ingurgithés

Même en discutant sur le trottoir, on nous propose un thé ! Ici, la théière est en permanence sur le feu pour servir un thé chaud ! Petit point positif, on n’en a jamais payé un seul, c’est toujours offert par la maison ! (sauf dans les lieux touristiques..)

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nuits à l'hotel

et bien sûr toujours invités !

Ce qui nous a le plus marqué !

La Turquie ce n’est pas la startup nation

 

La France des années 60 que nous n’avons pas connue, nous la découvrons sans doute ! Que des vieilles bagnoles et principalement des françaises ! Des formes anguleuses, des phares rectangulaires, une ambiance chaleureuse avec des coups de klaxon qui volent pour nous dire bonjour — on s’y sent bien ! Mais le top du top, ce sont les moyens de transport, disons alternatifs, des side-cars bricolés à partir d’une moto, des motos tricycles avec une remorque intégrée, des scooters side-cars. Mais tout ça n’aurait pas ce charme sans ses conducteurs : entre 8 et 80 ans, équipés d’un casque de chantier pour les plus prudents, d’un costume et d’une belle chemise pour les vieux de la vieille avec une petite gapette en sus ou alors comme des afghans avec un cheich sur la tête. Le sommet de notre immersion au cœur de la vieille époque était dans un petit village turc, les bâtiments y sont très vétustes, mais bon il commençait à être tard alors nous avons décidé d’y chercher notre logis. Arrivé au café de ce village, comme d’habitude, on nous fait place, on nous offre le thé et on discute. Après 30 minutes à raconter pour la 121e fois “nous faisons une aventure à moto de la France jusqu’au….”, ils nous disent qu’ils ont un lieu pour nous, mais ils nous y conduiront seulement quand ils auront fini leur travail. Alors évidemment, ça nous fait sourire, ils ont l’air de bosser dur juste là assis avec nous à siroter du thé. Mais nous comprenons vite qu’il se trame quelque chose de pas habituel à l’intérieur du café. Tous en cercle sur des chaises en plastique douteuses, vêtus de vestes élimées et de gapettes, ils fument cigarette sur cigarette en discutant l’air grave. En fait, ils sont en réunion de village pour savoir comment ils allaient pouvoir s’opposer à la compagnie minière qui veut s’implanter sur la montagne qu’ils utilisent pour les estives et cultiver quelques céréales. Une autre époque !
 
 La charia à Istanbul, je ne crois pas !
 
Nous qui pensions ne voir que des femmes voilées en Turquie : Istanbul nous montre rapidement que tout le monde ne marche pas dans les pas d’Erdogan ! Cela ressemble à une grande, très grande ville européenne avec des mosquées à la place des églises. C’est une ville très dynamique avec un trafic de dingue, mais ne voulant pas dépenser d’argent dans des visites, nous nous contentons de visiter quelques mosquées et le grand souk. En Turquie, ce n’est pas l’architecture qui nous a le plus marqué, mais la générosité de la population et les paysages grandioses !
 
Big Cesere
 
Impossible de faire l’impasse sur Big Cesere, le shérif d’un café turc d’un tout petit village. Servir du thé, fumer des clopes et parler de femmes, c’est ce qu’il fait depuis 50 ans ! Ce vieux renard nous a bien fait rire à poster une photo floue de nous sur TikTok ! Mais laissez-moi vous conter l’anecdote la plus croustillante ! Il était une fois le jeune Pierre-Etienne, qui devait encore et toujours faire des entretiens d’embauche pour préparer son retour au bled. Ce jour-là, il ne fait pas les choses à moitié, il a deux entretiens dans le même après midi. Prise électrique, AirPods, Wi-Fi turc stable, la configuration semble parfaite pour un entretien ! Seulement depuis qu’il est attablé à préparer ses appels, toutes les personnes qui entrent passent le saluer ou lui proposer un thé ! Le premier entretien commence, et après seulement 5 min, devinez qui ? Big Cesere ! Ce vieux fouineur passe sa tête devant la webcam, Pierre-Etienne avait essayé de lui faire comprendre que c’était pour le travail pour ne pas être dérangé, mais comme c’est une femme d’environ 30 ans qui lui fait son entretien Big Cesere, charmeur dans l’âme, ne peut s’empêcher de lui fait coucou, elle lui fait coucou aussi, puis forcément, il demande à Pierre-Etienne si c’est sa femme ! Pour le second entretien, c’est le muezzin qui viendra perturber la discussion.
 
Tunkay et sa famille
 
Nous poussons la porte d’un petit restaurant au centre d’un petit village où un Turc — pas si petit celui-là — prépare des pizzas turques avec un style proche d’un art martial. Après avoir fini notre thé (hé oui ça ne s’arrête pas !), un jeune qui parle anglais vient à notre rencontre. Nous sympathisons bien avec Tahir qui nous propose de nous faire découvrir avec son meilleur ami les environs. Ni une, ni deux, ils montent derrière nos motos et nous emmènent voir un château et un lac dans un cratère. En rentrant, nous nous installons dans la “guest house”, une sorte de salon de thé avec des coussins partout et un poêle. À peine le temps de nous installer qu’un monsieur avec une poigne à vous transformer la main en chair à saucisse nous propose de venir dîner chez lui dans une heure. 20 minutes plus tard, quelqu’un d’autre nous propose de prendre le thé chez lui. On est obligé de lui expliquer qu’on est déjà pris, désolé ! Nous prenons donc le repas avec ce Turc aux grandes mains et son fils Ali pendant que sa femme et ses filles s’occupent du service. Tunkay est agriculteur et éleveur, tous les produits que nous mangeons sont produits sur place : le yaourt, le pain, la viande, les frites, les lasagnes turques, la charcuterie Halal, les légumes, et même le sucre pour le thé ! On vous laisse avec le neveu de Tunkay ! 
 
 
Notre maman turque
 
“Oui allô, bonjour les garçons, il ne faut pas que vous restiez dans ce village, il n’y a que des alcooliques ici, ils vont boire toute la nuit et vous ne pourrez pas dormir, venez chez moi, ce sera mieux pour vous.” Cette phrase qui va changer notre soirée, nous l’avons obtenu en passant trois heures assis à côté d’un gars qui sirote sa bière sans pouvoir échanger un seul mot à part “moto”, mais il a soudainement eu une idée magique : appeler sa sœur qui habite à 5 min et qui parle couramment français. Alors laissez-moi vous présenter Ebru. Ayant vécu en France pour être interprète, elle parle parfaitement français et ses trois garçons y habitent. En Turquie, elle vit avec son copain qui est un professionnel de baglama (guitare turque) et sa fille qui est handicapée. Elle est très enjouée et veut absolument nous rendre le plus de services possibles ! Elle nous trouve un super lieu pour dormir et nous organise un grand petit-déjeuner avec les membres de sa communauté musulmane aléviste (une branche chiite chacha, pas trop d’interdits, pas de ramadan et surtout beaucoup portée sur l’unité et la charité). Mais ce n’est pas assez pour Ebru ! Elle veut aussi nous trouver notre prochain logement ! Et elle ne le fait pas à moitié, car nous serons invités à l’hôtel gratuitement juste avant la Cappadoce ! Et ce n’est pas fini ! Ebru et ses fils sont désormais parrains d’enfants au Mékong ! D’ailleurs, vous a-t-on dit que c’était le moment ou jamais pour parrainer un enfant ? Le lien est en bas de la lettre !
 
Mouss le tolard
 
Un gentil turc avec un visage de coquin s’invite chez notre hôte Vebhi pour le dîner. Il parle parfaitement français et servira d’interprète. Au bout d’un moment, il commence à nous raconter une longue histoire de travaux en France, un partenariat entre son entreprise et celle d’un autre Turc qui a tourné au vinaigre. Ce dernier ne voulait pas le payer alors Mouss lui a mis un coup au visage et sa tête a tapé contre quelque chose alors il est mort. En fait, pas tout à fait mort, après quelques mois de coma, il s’est réveillé, mais en étant gravement handicapé, et est décédé quelques années après. Le pauvre Mouss a été envoyé en prison à St Omer et a une amende de 500 000 € qu’il paye encore aujourd’hui. Il a conclu par “il a niqué ma vie, j’ai niqué la sienne”, avant de reprendre d’autres discussions plus joyeuses, un sacré personnage !
 
Soirée au poste de Gendarmerie 
 
Une journée classique en apparence, 17h on cherche un lieu pour dormir après avoir fait quelques kilomètres par grand froid — on est monté à 2100 m d’altitude — il neige, le ressenti avec la vitesse pique bien. La ville d’arrivée est plus grande que ce que l’on vise d’habitude, alors on sort en périphérie et on demande à quelqu’un un lieu pour dormir. Il passe quelques coups de fil et nous dit que quelqu’un va venir nous chercher dans 5 minutes, mais en attendant, il doit aller nourrir ses bêtes. À ce moment-là, quelqu’un d’autre nous propose de venir chez lui au chaud pour attendre. Comme d’habitude, nous recevons un accueil chaleureux : thé à profusion et gâteaux maison ! Mais au bout d’un quart d’heure, une camionnette de gendarmes débarque et deux d’entre eux entrent dans le domicile — en chaussettes, personne n’y coupe — ils sont très chaleureux aussi, mais nous demandent quand même bien nos papiers et là-dessus, ne rigolent pas tant que ça ! Après avoir fini toutes les sucreries, nous devons les suivre jusqu’au commissariat, encore une filature, chouette ! Chemin faisant, ils nous avaient commandé de délicieux kebabs (döner), donc le livreur nous attendait devant la gendarmerie. On est invités à les manger à l’intérieur, au milieu de tous les gendarmes avec qui on rigole bien ! L’ambiance est loufoque, le commissariat est un gigantesque fumoir rempli d’emplois fictifs, ils n’ont rien d’autre à faire que nous raconter des blagues, puis subitement nous demander nos permis sur un ton beaucoup moins sympathique. Comme tout est en ordre : une petite tape sur l’épaule et la discussion reprend, mais rebelote, on nous demande tout à coup les assurances des véhicules sans rigoler. Après une bonne heure, ils nous disent de les suivre pour aller au lieu où nous sommes accueillis, dont nous ne savons encore rien. Une minute de moto et nous voilà devant le meilleur hôtel de la ville, rien que ça !
 
 
Mais où sont les femmes en Turquie ? 
 
De 9h à 18h, nous ne voyons que des hommes. Dans les cafés, les anciens jouent aux dominos. Globalement, très peu de femmes dans la rue. Mais où peuvent-elles bien être ? – Réponse à 19h quand on vous invite pour le dîner, madame sort de la cuisine pour nous apporter le repas dans le salon et repart préparer la suite avec ses filles pendant que nous dînons avec monsieur et ses fils. Il n’est pas encore né celui qui va leur expliquer le principe de l’Equal Pay Day !
 
Dance, poulet au miel, et messe en turque : bienvenue à Trabzon !
 
Pour le triduum pascal, nous sommes accueillis par l’institut du Verbe incarné à Trabzon, au Nord-Est de la Turquie. C’est une région très conservatrice, plutôt pro Erdogan, avec donc aucune église sauf celle-ci. Les trois sœurs et Pater Leonardo s’occupent de ce couvent et des quelque 70 paroissiens majoritairement iraniens qui ont fui leur pays en raison de leur foi. Il y a aussi une importante communauté africaine : Congo, Bénin, Cameroun… Mais tous ont un point commun : la danse est très ancrée dans leur culture, nous faisions donc bien pâle figure dans leurs différents concours de danse… Ce séjour a été très reposant pour nous et riche en rencontres, qui nous ont permis de consolider notre niveau d’anglais et d’espagnol ! Ah oui, le poulet au miel j’oubliais : une des sœurs était une Kiwi (habitante de la Nouvelle-Zélande) et ses parents étaient venus pour fêter Pâques : l’occasion de nous faire goûter une gastronomie qui n’était pas prévue sur le trajet !

Nos anecdotes croustillantes

Ça nous a régalé...

« Je vais entrer d’ici maintenant et je vais vous dire : “c’est quoi ce bordel, qu’est-ce que c’est ? Rassemblez cet endroit rapidement.” Et vous direz “D’accord papa, d’accord papa.” Je vais te crier dessus, je te dirai de sortir vite et de commencer à travailler. » C’est ce qui s’affiche à l’écran de l’application Google Traduction de Paul, devant nos visages amusés. Je contextualise : nous avons passé la nuit chez un vieux turc fort sympathique qui avait envie de faire une blague à ses enfants. Nous devions donc les imiter dans une petite comédie qu’il a filmée avec son téléphone. Nos meilleurs jeux d’acteurs sont de sortie, on vous laisse découvrir la vidéo !

Pendant le célèbre verre de l’amitié pascal, Paul sympathise on ne sait pas comment avec un Turc qui ne parle pas un mot d’anglais et on ne sait toujours pas comment il arrive à savoir qu’il est coiffeur et qu’il va aller chercher sa tondeuse pour nous faire des jolis dégradés. Ce fut chose faite, une salle, une chaise, un homme en costume trois pièces qui fait des blagues en turc et se marre tout seul tout en gesticulant dans tous les sens avec ses ciseaux, et nos petits bouts de cheveux finirent par terre.

Tranquillement installé dans le hall du premier hôtel en train de pomper la wifi, un monsieur se met à côté de nous, nous offre un paquet de pipas (graines de tournesol qu’il faut croquer), un coca et échange deux trois mots avec nous, avant de se mettre sur son téléphone. Jusque-là, rien de suspect, me direz-vous. Mais le surlendemain, nous le retrouvons dans une petite ville bien plus loin ! Il nous reconnaît sans grande surprise et dans son flegme habituelle nous propose d’entrer dans le Starbucks à côté de là où nous sommes car il neige. Il nous offre des thés et rebelote, pas beaucoup de discussion, il s’installe juste avec nous une petite heure avant de nous saluer rapidement et de repartir ! Peut-être le reverrons-nous à la frontière russe ? Vous le saurez dans le prochain chapitre !

... ça nous a fait pleurer (cliquez dessus pour plus d'infos !)

À l’intérieur de chez eux, pas de soucis, mais le bien commun, c’est compliqué ! La Turquie est en réalité un vaste cendrier, contenant quelques décharges improvisées, mais surtout et avec ça on ne rigole pas : des toilettes turques nauséabondes. Pour l’instant, les passages dans ces toilettes sont le sommet de notre aventure. On ne se sent jamais autant aventurier, explorateur, descendant direct de Marco Polo, fils spirituel de Guy de Larigaudie que lorsque l’on franchit la porte des WC.

L’eau du robinet n’est pas vraiment potable, alors bienvenue au royaume des bouteilles d’eau, des pots d’eau (verre d’eau en plastique scellé comme une compote Andros), et même pour le sommet de la propreté des toilettes (uniquement chez Schell — on connaît l’adresse) un recouvre-lunette plastifié à usage unique (on vous met la vidéo avec les photos).

Les montagnes de l’Anatolie, passage obligé pour découvrir pleinement la Turquie et s’approcher de la Géorgie. Malheureusement, nous n’avions pas anticipé les passages à plus de 2000 m d’altitude sous la neige, ça caille ! Malgré les excellents gants de notre partenaire Racer, lorsque il fait -5°C, que vous roulez à 80 km/h, le ressenti est de -17°C. Alors nous faisions régulièrement des pauses, soit pour remettre du sang dans les stalactites soit parce que l’essuie-glace automatique du casque (notre main gauche vous l’avez compris) n’arrivait pas à suivre la cadence d’une neige trop forte.

5 contrôles de police ! Rien que ça ! À chaque fois, nous prenions le plus de temps possible pour sortir nos passeports pour ne pas avoir à montrer nos permis de conduire pas encore conformes. Une seule fois nous sommes allés jusqu’au bout mais ils n’y ont vu que du feu ! Mais maintenant nous avons nos permis, reçus jeudi 17 à Trabzon, gracieusement envoyés en express par la maman d’Antoine !

Notre première ! Parce qu’il en faut bien une, n’est-ce pas ! On a mis un peu de temps à s’en rendre compte car la chaussée étant de mauvaise qualité, Antoine la trouvait trop glissante, alors que le problème était… ailleurs ! Mais bon, pour 40 €, on vous met un nouveau pneu en 10 min, même si le magasin est censé être fermé !

Des photos en veux-tu ? En voilà !

Cliquez sur les photos pour en savoir plus ! 

Pour mener à bien ce projet nous devons trouver des sources de financement, nous avons donc lancé une cagnotte.

Merci pour votre préciseuse aide. 

Sans parrains, notre projet n’aurait pas de sens ! On compte sur vous pour entrer dans l’aventure en parrainant ou en parlant autour de vous. 

Objectif 40 parrains !

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